Il faudrait un livre pour raconter sa vie. Né dans un petit village du Mali, Souleymane Koné alterne son enfance entre travail dans les champs et scolarité dans une petite école. « C’est mon père qui, après avoir combattu avec les Forces françaises libres, est revenu dans notre village natal avec la conviction que l’école était source d’émancipation. C’était un visionnaire. » Souleymane est un bon élève : après le collège dans un village voisin puis le lycée à Ségou où il obtient un bac de philosophie et langues, une bourse de l’état malien lui est promise pour étudier en Bourgogne. Il ne la touchera jamais, ce qui rendra son parcours plus ardu.
Programmé pour rentrer au Mali et travailler au ministère des Affaires étrangères, son dossier est égaré par Bamako. Il s’installe finalement dans l’Yonne. « Le peu que j’avais, c’était ici. Je me suis toujours senti bien en France. » Il arrive par hasard à Auxerre pour donner des cours au lycée Jacques- Amyot et aux élèves du renommé centre de formation de l’AJA, où il croise la route de jeunes adolescents nommés Djibril
Cissé ou Philippe Mexès, « de bons gamins entourés d’une bonne équipe pédagogique » se souvient-il. « J’aime l’authenticité de cette ville, la force des relations humaines. On trouve ici une bonne qualité de vie », estime-t-il. Il obtientla nationalité française puisintègre la préfecture de l’Yonneoù il est employé actuellement.
« Profondément gaulliste », Souleymane Koné s’est toujours intéressé à l’histoire des idées politiques. Un temps représentant dans l’Yonne de l’éphémère parti La Gauche moderne, il figure en 2008 et 2014 sur les listes d’opposition au pouvoir municipal en place, sans succès. Il rencontre Crescent Marault par l’intermédiaire de son ami Jean- Pierre Bosquet. « J’aime ses idées avant-gardistes. Il n’a peur ni de se projeter dans l’avenir, ni du qu’en-dira-t-on. Lui aussi est un visionnaire qui travaille beaucoup et parle peu », dit-il d’abord du maire d’Auxerre. Avant de préciser : « Il a surtout constitué une équipe qui ressemble à toute la population auxerroise. Il agit en chef d’entreprise qui regarde les compétences et non la couleur de peau ».
Conseiller municipal délégué aux Anciens combattants depuis 2020, il avoue penser à son père et à tous ces mobilisés, à chaque cérémonie militaire. « J’ai un profond respect pour cette génération qui a donné sa vie pour notre liberté. J’aimerais créer un lien avec les jeunes d’aujourd’hui, pour qu’ils gardent en mémoire leur souvenir et cet amour de notre pays. » Quant à la francophonie, qui fait aussi partie de son portefeuille, « c’est l’histoire de toute ma vie » précise celui qui a le cœur bleu blanc rouge.
Il aime bien jardiner avec ses trois enfants, clin d’œil à ses « origines de fils de cultivateur ». Parmi ses hobbies, l’histoire militaire et la littérature jouent également un grand rôle, surtout les classiques, ainsi que la musique « qui élève l’âme ». Ce qui ne l’empêche pas d’être très tendu pendant les matchs de l’AJA, dont il reste un fervent supporter.