C'est la prise de service au PC « secteur Nord ». Organisée en trois secteurs géographiques, la régie municipale des espaces verts répartit ses équipes pour optimiser les déplacements. Les mains serrent les cafés fumant pendant l'écoute des
consignes du jour passées par l'agent de maîtrise. Les dernières gelées matinales rappellent que le printemps se fait attendre. Cela n'empêche pas la végétation de foisonner. A l'arrière des camions-benne estampillés au logo de la Ville, les tondeuses
chargées indiquent d'ailleurs que la période de tonte a déjà débuté. Ce matin, ce sera aux Chesnez, hameau d'Auxerre, également entretenu par les jardiniers du secteur Nord.
Catherine s'affaire à la table de rempotage des serres municipales. Une belle lumière descend depuis le toit verrière dont l'ouverture est entièrement automatisée pour réguler la température. Le geste sûr, la jardinière assure ici avec trois autres collègues la production et le bouturage de près de 100 000 plantes par an. Les annuelles et bis-annuelles seront ensuite réparties harmonieusement à partir de mi-mai dans les 3 000 m2 de massifs, suspensions et jardinières de la ville. En tout, 85 points font l'objet d'au moins deux fleurissements par an, en grande majorité en centre-ville. Les serres sont une vraie nurserie surveillée 365 jours par an et maintenue hors gel grâce à une chaufferie biomasse. L'agent de maîtrise passe saluer l'équipe et rappelle que cet après-midi une visite de classe de primaire est prévue. Une occasion de faire découvrir aux jeunes le fonctionnement d'un centre horticole entièrement écologique.
« Le secret d'une plantation réussie ? D'abord, une bonne préparation du sol » explique Richard, responsable de l'entretien de l'espace public à la Ville d'Auxerre. Et l'un des jardiniers en pleine préparation de massif de préciser : « D'abord, enrichir la terre avec de l'engrais organique. Puis le bêchage. Un coup de griffe pour casser les mottes. Et l'implantation peut commencer ». Pour le choix des coloris et surtout des implantations, c'est comme pour un défilé de haute couture. Tout est décidé dès octobre pour le fleurissement du mois de mai suivant. La création de deux mosaïques végétales à l'Arbre Sec est laissée chaque année à l'initiative des jardiniers. « Nos agents doivent vraiment connaître les bases et les techniques du vert. Nous veillons à recruter au minimum des CAP ou bac pro, car notre travail exige aujourd'hui un réel savoir-faire » insiste l'encadrant.
On retrouve une équipe du secteur Sud au Stade Auxerrois. L'entretien des terrains de sport fait en effet partie des missions des jardiniers. Tonte, marquage avant les matches, remise en état après... La Ville d'Auxerre n'est pas labellisée « ville sportive » pour rien. Même si certains sont synthétiques, les terrains de sport font l'objet d'un engazonnement soigné. « La règle, c'est de tracer un sillon qui va délimiter « le filet », c'est-à-dire la zone centrale où le semis sera très dense. Un arrosage régulier et un roulage après la première tonte garantissent un beau résultat » détaille en expert l'un des jardiniers.
Au cimetière des Conches, seul le bruit de la tondeuse trouble le chant des oiseaux. On apporte une attention particulière à l'entretien des allées pour répondre à la demande des usagers. Le désherbage se fait ici mécaniquement, comme dans l'ensemble des massifs de la ville. Binette et débroussailleuse ont remplacé depuis 2009 les désherbants phytosanitaires.
Les équipes viennent de terminer leur journée. L'agent de maîtrise, installé devant son ordinateur salue d'un « à demain ! » les derniers partis. Il saisit en fin de journée le bilan des tâches effectuées par chacun afin d'évaluer sur l'année l'investissement humain et matériel du service.
L'arrosage automatique est programmé dans les zones plantées ou engazonnées via des tuyaux à goutteurs incorporés. Dans quelques heures, les jardiniers seront de retour aux quatre coins de la ville. S'affairant telles des abeilles laborieuses, ils contribueront par un verdissement maîtrisé à parer la ville d'une beauté muette.